Amertume

Mystère…un mystère que je déjoue…un piège tendu là où je ne m’y attendais pas. Comme un cancer malin qui a grandi dans mon esprit, né de trois fois rien. J’ai découvert le poison qu’on a mis dans mon bol de lait chaque matin. J’avais de bonne foi cru que le goût amer que j’y trouvais était du à une pathologie de mon palais.

« Bois très chère, tu sais très bien qu’il n’y a rien d’autre dans ce lait que du lait. Pourquoi es tu incapable de lui reconnaître son goût sucré ? ». Et cela fait mal de se croire malade, de croire que le sucre devient amertume sur sa langue, comme quand on est tout petit et qu’on trouve injuste que tout les aliments soient dégelasses le temps d’un accès de fièvre. Même ma plume s’est confondu avec la cuillère dans mon bol et a cessé de remuer. Je peux maintenant déverrouiller mon "à plume" et remuer mon café, le humer avec extase en reconnaissant à mon palais gustatif sa grande sensibilité.

Un mystère conçu spécialement pour moi, comme un visage masqué qu’on me présente trois fois par jour pour que je me demande ce qu’il y a derrière, et quand le masque est retiré hors de ma vue, milles allusions à ce qu’il y a derrière. Cancer malin, cruauté naïve à laquelle j’esquive grâce à la sensibilité de mon palais gustatif…